Aujourd’hui les traitements orthodontiques se multiplient. Justifications sociales (on réclame un joli sourire) justifications médicales (on souffre des articulations de la mâchoire inférieure). On se sert parfois d’appareillages de haute technologie mais on ne comprend pas toujours pourquoi certains cas traités se ré-harmonisent durablement, d’autres récidivent... Il est admis par la majorité des chercheurs que 80% de la croissance maxillo-faciale est effectuée à l’âge de 8 ans. Cela explique qu’un grand nombre de techniques s’appliquent après cet âge afin de se soustraire à des changements imprévus de la croissance osseuse qui contrarieraient les plans du traitement initial.
Mais nous voyons qu’aujourd’hui plus de 70% des enfants présentent des malocclusions dépistables en denture temporaire. C’est donc au titre d’une meilleure médecine préventive qu’on tend à préconiser des thérapeutiques plus précoces. On prévient des dysfonctions qui génèrent des déformations secondaires : les respirations buccales, les tétées de langue, etc… déforment les arcades dentaires mais également les fondations osseuses. Nous devons aussi faire face à des modes alimentaires en rapport avec notre société moderne. La mastication des aliments trop mous, non texturés, le non-exercice des muscles masticateurs construisent des bouches trop petites, maintiennent des dents de « petits loups » serrées, non abrasées.
La prise en charge de ces petites bouches avant 6 ans, rétablit des fonctions correctes et prépare le terrain osseux afin de recevoir les futures dents permanentes. En somme, on applique des forces sur des squelettes en défaut de croissance, on remodèle des pièces osseuses, on rééduque des habitudes fonctionnelles. Toutes ces méthodes postulent donc pour une amélioration de la qualité de vie, mais elles doivent se sortir de toute forme d’empirisme et ne pas quitter le terrain de la compréhension des mécanismes mis en jeu.
L’exemple de Jade : elle présente un articulé dentaire inversé à droite. En fait il s’agit d’une véritable déviation de la mandibule. Si celle-ci n’est pas recentrée rapidement, elle va grandir asymétrique. La correction nécessite aussi une symétrisation de son arcade supérieure (vérins sectoriels) et une correction de son plan d’occlusion (petit « hamster » de recentrage). L’objectif est de retrouver une fonction masticatoire symétrique avant l’éruption de ses premières dents permanentes.
En Mai 2013, le congrès de la Société Française d’Orthopédie Dento-Faciale (SFODF) a mis l’accent sur la recherche de ces asymétries faciales sachant qu’elles perturbent la fonction masticatoire dès la denture temporaire. Grâce à l’extension des connaissances en anatomie, embryologie, biomécanique, nous avons émis un protocole d’examen de l’enfant entre 3 et 6 ans à la recherche des petits signes cliniques aboutissant au diagnostic d’une dysharmonie faciale à type d’asymétrie.