Concepts

Parmi les Sciences Humaines, l’Anthropologie et l’Orthopédie Dento-Faciale ont un domaine d’exploration commun, le squelette crânien et facial : elles rencontrent les mêmes difficultés à étudier la Morphogenèse au travers des processus du développement à l’origine des formes. A savoir pour l’une, comment elle interfère pendant la Phylogenèse au regard de l’évolution des caractères humains ; pour l’autre, au cours de l’Ontogenèse en incluant la croissance du fœtus et de l’enfant.

L’orthodontiste a le souci de mieux appréhender la croissance faciale quand il doit traiter les anomalies du système masticateur, ou un mauvais alignement dentaire, des malocclusions, des dysharmonies faciales. L’orthodontiste aimerait savoir comment la croissance en cours va se projeter et anticiper une potentielle dégradation faciale qui appellerait une chirurgie.

Plusieurs questions et réflexions: les dysharmonies dento-faciales sont-elles l’aboutissement de l’évolution des Primates ? Est-ce que notre fonction masticatoire serait moins perfectionnée que celle des Grands Singes (ils n’ont pas besoin d’Orthodontie)? A propos de la courbure de nos arcades dentaires, nous recherchons bien souvent une forme idéale prenant le risque de s’affranchir de la diversité des visages.  Il manque surtout à nos bases de données en dentition lactéale, des modèles de croissance actuelle pour mieux  guider nos traitements. En pratique, l’orthodontiste modifie l’équilibre facial selon son expertise personnelle : la stabilité des résultats confirme que la nouvelle trajectoire de croissance est en adéquation avec le choix thérapeutique. Nous devons aussi évoquer des situations riches d’enseignement : certaines malocclusions se ressemblent au niveau occlusal. Les classer dans la même rubrique d’anomalie est chose facile. Néanmoins des traitements orthodontiques identiques ne délivrent pas les mêmes résultats sur la morphologie faciale. Il est évident que des processus de croissance différents  peuvent révéler des évènements phénoménologiques semblables, à savoir un type de malocclusion. De nombreuses mosaïques cinétiques crâniennes aboutissent seulement à 3 types d’occlusion (Classe I, Classe II, Classe III) : on découvre un effet « réducteur » de la complexité crânienne à travers la fonction masticatoire. Ce fait explique la difficulté à faire une prévision de croissance en denture lactéale. Ce n’est pas surprenant que les orthodontistes aient perdu confiance en la céphalométrie quand la radiographie faciale ne donne qu’une vision partielle du crâne. Cela explique pourquoi la majorité des traitements orthodontiques sont principalement faits chez des enfants où les caractéristiques faciales sont visibles en denture permanente.

Ces considérations nous ont conduits à faire évoluer notre céphalométrie (l’analyse CRANEXPLO® en 3D). Nos analyses statistiques réfutent les résultats qui ne retrouvent pas de corrélations entre l’occlusion et l’architecture basicrânienne. Les malocclusions ne sont pas aléatoires mais coordonnées à des morphologies bien spécifiques. En conséquence certaines trajectoires de croissance sont observables que si on dépasse l’occlusion et si on analyse le crâne dans sa globalité.